ÊTRE féministe ?
« Tu ne pourras jamais être écoutée, Hélène, si tu continues de te dire féministe en employant ce mot.
Trop chargé en histoire, trop chargé d'idéologie, d'agressivité. Ce mot, si tu le prends, il te collera une étiquette. »
Je n'écouterai pas ce bon conseil
... même si je sais qu'il porte un fond de réalisme. Mais parce que je suis utopique, j'ai envie de croire que les mots ont une histoire et que le féminisme aussi. Que les courants changent, évoluent, se dispersent.
La question est plus que d'actualité. Aujourd'hui, de nombreuses femmes portent, désirent, cherchent, une troisième voie possible au féminisme, celui en lequel nous croyons, Isabelle et moi, celui de demain :
Un féminisme en lien avec les hommes, non pas contre eux ou comme eux, mais avec eux.
Nous avons besoin des hommes, tout comme eux, ont besoin de nous. Tout au long de mon parcours, j'ai eu la chance de rencontrer de nombreux hommes qui auront participer, de façon quotidienne ou ponctuelle, à ce que je devienne plus forte, plus femme, plus mère, plus libre. Des hommes qui auront pu croire en mes projets, les écouter, les rendre possible, afin que je me réalise comme femme, ce qui a nourrit la mère, et inversement.
Un féminisme qui creuse de façon nouvelle l'articulation du féminin et du maternel
... pour sortir du clivage, celui de la femme contre la mère. Les femmes sont les premières à en souffrir. Les hommes, bien souvent, ne savent pas comment accueillir cette souffrance face à laquelle ils se sentent démunis, exclus, parfois agressés.
« Nous sommes femme ET mère, et non pas femme OU mère. »
La force de la femme ne se situe pas dans le OU mais dans le ET. Simple jeu de mot, me diriez-vous ?
Pas tout à fait ... Reconnaître cette articulation qui anime la femme, c'est accueillir l'ambivalence de ses désirs, les contradictions, l'énergie qui en découle.
Un féminisme tourné vers l'avenir, faisant confiance aux femmes, capables de se connaître, d'être intuitives, investies ...
... Capables de penser par elles-même, de se faire entendre et d'agir dans le monde. Leurs enfants sont les citoyens de demain. Quel monde ont-elles envie de leur laisser ?
Aux femmes d'inventer des solutions, de prendre position, de retrouver leur autorité au-delà des clichés de genres, médiatiques, des discours « psy » et médicaux.
Nous ne nous positionnons pas contre les professionnel(le)s de la santé (Non ! Isabelle en fait partie !). Nombreuses et nombreux sont ceux qui accompagnent les femmes avec délicatesse et bienveillance parce qu'elles/ils ont compris que les solutions se trouvaient au sein de leur au cœur, que l'enjeu était de les faire émerger, de les accompagner, sans vouloir imposer un savoir stricte et sans nuances.
Nous ne nous positionnons pas non plus contre la vulgarisation des repères éducatifs. Un bon conseil viendra rassurer une maman perdue, l'encourager, mais il lui appartient ensuite de faire du « sur mesure », par rapport à ce qu'elle est, son rythme familial, sa personnalité.
Nous ne reviendrons pas sur les combats féministes de la première et seconde vagues.
Ils nous ont beaucoup apporté. Si nous avons une meilleure reconnaissance de nos droits, la possibilité de faire des études, de disposer de notre corps, de participer à la vie politique, économique … c'est bien parce que des milliers de femmes ont osé faire entendre leur voix, avant nous. Il y a encore beaucoup à faire en matière d'égalité et de respect.
De notre côté, Isabelle et moi avons envie de poursuivre l'histoire, là où nous nous trouvons, c'est-à-dire dans nos champs de conseillères conjugales, d'élargir le débat et d'ouvrir d'autres fenêtres, celles que nous évoquions plus haut.
Pourquoi ?
Lors de nos accompagnements, nous constatons, combien l'articulation du féminin et du maternel, tout comme l'articulation du féminin et du masculin sont des problématiques riches, passionnantes, mais aussi complexes et sources de souffrances.
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Le féminisme a-t-il un impact au sein du couple ?
Oui, car les femmes revendiquent leurs droits, et elles ont raison : celui de travailler, d'être aidées au sein du foyer par les hommes, d'être reconnues comme mère au sein de leur entreprise. Pourtant, force est de constater que de nombreuses femmes s'épuisent dans cette articulation, être femme et être mère. La culpabilité qui en découle, vis-à-vis d'elle-même, de leur compagnon ou de leur employeur, provoque mal-être et tensions.
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Accueillir un enfant est devenu un choix.
Le premier écueil est de croire que cette aventure, puisqu'elle a été pensée, devrait être facile ! En entretien, nous voyons combien les femmes, ainsi que les hommes, sont souvent déstabilisés par la maternité-paternité, n'ayant pas toujours su ou pu anticiper (mais peut-on le faire ?) l'impact que ce nouvel être allait avoir sur chacun d'entre eux.
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Où se trouve la liberté de la femme ?
De nombreuses femmes sont aujourd'hui perdues au milieu des livres de psychologie et de bons conseils éducatifs, ne sachant pas toujours à quel discours se vouer … Il y a des effets de mode, mais où sont leur autorité et leurs intuitions ?
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Vous serez libres ! Oui, mais ...
Les femmes ont parfois du mal à lâcher prise, elles sollicitent leurs hommes, sans pour autant leur laisser la place d'être homme et père, à leur façon : différente. Nous devons reconnaître que la maternité est aussi un enjeu de pouvoir au sein du couple.
Nous souhaitons interroger aujourd'hui ces différentes articulations qui se répondent, féminin/maternel, masculin/féminin afin que les femmes et les hommes puissent découvrir leur identité, leur mission et ce à quoi chacun se sente appelé dans une altérité heureuse, dans une dynamique de co-accompagnement homme-femme.
Le sujet n'est pas réservé à la sphère intime du couple, ni à l'intimité de nos cabinets. Si les questions sont d'ordre privées, strictement originales, nous constatons qu'elles se croisent ou se reflètent d'une personne à l'autre, d'un couple à l'autre.
Le féminisme de demain ? Pour révéler les femmes, les mères et les hommes qui sommeillent en nous !
« Si nous arrêtons de définir les autres en fonction de ce qu’ils ne sont pas et si nous cherchons plutôt à nous définir par ce que nous sommes, cela nous rendra plus libres. »*
*Emma Watson, le 20 septembre 2014, dans le cadre de la campagne « HeForShe »